Commande publique

Partant du constat que la plupart des œuvres issues de la commande publique ne bénéficient d'aucun relais de médiation, les médiateur·trice·s du LMAC ont engagé plusieurs groupes de travail autour de cette question.

L'objectif ? Réfléchir à des outils de médiation susceptibles d'accompagner les publics à la découverte autonome d'œuvres dans l'espace public. La plupart des œuvres dans l'espace public ne bénéficient pas de la présence d'un médiateur·trice·s, encore moins spécialisé·e·s en art contemporain, pour en assurer la médiation. Souvent, il n'y a pas non plus de structure artistique et culturelle référente pour l'œuvre. C'est à peine si l'on trouve sur place un cartel précisant son nom, celui de l'artiste et la date de création. Dans bien des cas, les visiteur·euse·s passent à côté sans les voir. Comment, dans ce contexte d'absence quasi-totale d'informations, permettre la rencontre entre l'œuvre et les publics ? Quels outils de médiation proposer pour ces œuvres ? Et pour quels types de public ? Voilà tout l'enjeu des réflexions posées par les groupes de travail qui ont planché sur la question.

Fénautrigues – Une commande publique hors norme

En 2010, Jean-Luc Moulène réalise à l'invitation du Centre National des Arts Plastiques et des Ateliers des Arques une commande publique hors norme. Plutôt que de concevoir une œuvre physique pour un espace géographique donné, Jean-Luc Moulène produit sous la forme d'un livre, une œuvre multiple, une archive sensible constituée de 500 photographies prises de 1991 à 2006 sur un territoire de 500 hectares autour du hameau de Fénautrigues dans le Lot. Cet ouvrage intitulé Fénautrigues est tiré à 1500 exemplaires et diffusé sur le territoire national à des structures publiques chargées d'en assurer la diffusion.

Journal de la commande publique
Très rapidement, outre sa forme artistique, il apparaît qu'une des principales innovations de cette commande est d'aller vers le public là où il se trouve ; les médiateur·trice·s ont donc un rôle important à jouer dans la diffusion de cette œuvre. Un groupe de travail se constitue au sein du LMAC pour réfléchir à un outil de médiation écrite qui pourrait accompagner l'ouvrage dans sa diffusion. Un journal de la commande publique étant édité pour l'œuvre, il est convenu d'y insérer un feuillet détachable intitulé Face à l'œuvre composé de textes de médiation, comme autant d'invitations à découvrir l'œuvre. Les médiatrices du groupe de travail se sont appropriées l'œuvre chacune à leur manière et leurs écrits sont autant de propositions pour aborder le « face-à-face » avec l'œuvre en essayant de prendre en compte les particularités de chaque regardeur. Ces textes proposent ainsi des clés de lecture et tentent d'ouvrir des questionnements, à l'attention d'un public le plus large possible : en groupes ou individuels, promeneur·euse·s ou passionné·e·s d'archives, amateur·rice·s de photographie ou de botanique, curieux·euses en tout genre… Chacun·e est invité·e à se saisir de l'œuvre par le biais de ses propres centres d'intérêt et à construire autour d'elle une approche singulière.

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Malette pédagogique
En complément du feuillet médiation du journal de la commande publique, les membres du groupe de travail réfléchissent à de nouvelles pistes pour accompagner et valoriser l'œuvre de Jean-Luc Moulène. Dans un premier temps, les médiateur·rice·s du LMAC vont concevoir et mettre en place des actions de médiation en direction de différents types de publics : écoles, collèges, maison de retraite, bibliothèques etc… fort·e·s de leur expérience de terrain, ils imaginent une mallette d'accompagnement à destination des personnes relais : bibliothécaires, médiateur·rice·s, animateur·rice·s, professeur·e·s etc. qui souhaiteraient s'emparer de cet ouvrage pour développer avec leur public une approche plurielle de l'œuvre. Chaque mallette est constituée de plusieurs ouvrages Fénautrigues, d'un livret d'introduction donnant le contexte de création de l'œuvre et le fonctionnement de la mallette d'accompagnement, de fiches-ateliers proposant des approches thématiques et pistes pratiques pour exploiter l'œuvre en atelier et d'une clé USB contenant plusieurs ressources iconographiques. Ces documents ont été élaborés de façon transdisciplinaire avec des professionnel·le·s extérieur·e·s au milieu de l'art contemporain (bibiothécaire, paysagiste, philosophe, documentaliste, marcheur·euse·s, enseignant·e·s) pour croiser les points de vue sur cette œuvre. Ces mallettes sont destinées à circuler sur tout le territoire régional par un système d'emprunt auprès des centres d'art de la région. Elles ont été conçues pour que les personnes relais puissent avoir une approche autonome de l'œuvre.

Les outils numériques et la médiation dans l'espace public

Conscient de la place de plus en plus importante que prennent les outils numériques dans notre environnement quotidien, le LMAC a souhaité amorcer une réflexion sur les enjeux et conséquences de l'introduction des outils numériques dans les pratiques de médiation. Après avoir rencontré plusieurs professionnel·le·s avec une pratique régulière des outils numériques appliqués au champ culturel, les médiateur·trice·s du LMAC sont parvenu·e·s à la conclusion que ces outils étaient particulièrement pertinents pour accompagner les œuvres dans l'espace public. Lorsqu'il n'y a ni structure ni médiateur·trice·s référents à proximité, le numérique, qui permet une autonomie de l'utilisateur, peut s'avérer être une solution particulièrement appropriée. 

Atlas-museum
À l'occasion d'une journée thématique "Médiation et numérique" le LMAC a rencontré Virginie Pringuet, coordinatrice du projet Atlasmuseum. Cette plateforme ouverte et contributive d'inventaire cartographique de l'art public a été conçue en collaboration avec des artistes, chercheur·euse·s, commissaires, amateur·trice·s d'art, informaticien·ne·s, historien·ne·s de l'art, enseignant·e·s, étudiant·e·s etc. Le projet d'Atlamuseum consiste à développer un outil numérique d'inventaire, de documentation, de visualisation de l'art public et d'historicisation des œuvres d'art. Par ce processus d'inventaire, fondé sur la contribution des professionnel·le·s mais aussi du public, les œuvres d'art dans l'espace public sont répertoriées, géolocalisées et documentées. La découverte de cet outil collaboratif a inspiré les médiateur·trice·s du LMAC qui ont tenté d'imaginer à leur tour un outil numérique de médiation pour des œuvres dans l'espace public.

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Les prototypes d'application numérique du LMAC
L'objectif du groupe Médiation et numérique est de conduire une réflexion sur l'apport du numérique dans la médiation des œuvres dans l'espace public et de concevoir des outils prototypes exemplaires. En effet, lors de la première phase de réflexion, il est apparu que bien des outils numériques se réclamant de la « médiation » étaient en réalité des outils de compilation d'informations ou, à l'inverse, des outils-jeux avec une visée essentiellement ludique et assez éloignée des présupposés de la médiation telle qu'elle est conçue au sein du LMAC. Souvent, ces outils n'étaient pas conçus en lien avec des médiateur·trice·s. Le réseau LMAC s'est adjoint dans son processus de réflexion les compétences et expertises de professionnel·le·s du numérique issus du groupe Muséomix de Toulouse, a engagé un partenariat avec un groupe d'enseignant·e·s et étudiant·e·s du Master "Humanités numériques" de l'Université de Paul Valéry de Montpellier. Le réseau a également fait appel à un groupe de professionnel·le·s du numérique et de la culture québécois dans le cadre d'un échange interculturel pour accompagner la réflexion et apporter leur expertise en terme d'évaluation. Le réseau a travaillé autour de trois œuvres issues de la commande publique :

  • Ex-libris, J.F. Champollion de Joseph Kosuth à Figeac
  • La triangulaire de Cransac de Joëlle Tuerlinckx
  • Les vitraux de Pierre Soulages à Conques

Sur ces trois sites, les médiateur·trice·s ont réfléchi à des formes d'outils numériques à la fois adaptées au sens de l'œuvre, à son contexte d'implantation et aux différents publics destinataires de l'outil. L'objectif ? Entraîner le visiteur dans une expérience autonome et singulière de l'œuvre par le biais de l'outil numérique, lui donner des clés de compréhension sans le noyer d'informations, lui apporter un contenu additionnel qui ne détourne pas son regard de l'œuvre. L'un de ces trois outils s'est concrétisé sous la forme d'un prototype numérique. Il s'agit de l'outil destiné à la médiation de l'œuvre Ex-libris, J.F. Champollion de Joseph Kosuth à Figeac avec pour objectifs de faire prendre conscience au·à·la visiteur·euse qu'il·elle est face à une œuvre d'art contemporaine et lui faire accèder au sens de l'œuvre par une expérience numérique immersive, ludique et autonome.  Pour la création de l'outil numérique, le LMAC a fait appel à Julien Bidoret, web designer, à Guillaume Batista-Pina, artiste plasticien intégrant dans sa pratique les nouvelles technologies, et à Jean-Baptiste Sauret, designer d'expériences sonores. En collaboration avec les médiateur·trice·s du LMAC, ils ont conçu le design, l'ambiance sonore et ont développé l'application. 
Le projet s'est déroulé en trois phases : diagnostic, définition des objectifs, écriture du cahier des charges /conception de l'outil / test utilisateur et évaluation de l'outil. Cet outil est loin d'être parfait et l'évaluation qui a été faite à l'issue du processus pointe beaucoup de choses à améliorer pour que ce prototype parvienne à une version recevable. Aujourd'hui, le Pays d'art et d'histoire du Grand Figeac en collaboration avec le centre d'art MAGCP de Cajarc travaillent sur un outil de médiation numérique s'inspirant de l'expérience menée par le LMAC.

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