2022 : 20 ans déjà
Pour fêter son anniversaire, le LMAC voulait une année qui soit à l'image de ce qu'il est et fait depuis 20 ans : de la médiation, des expérimentations, un espace convivial et festif qui s'ouvre aux autres.
Une année de faire ensemble
Le LMAC est d'abord un espace entre professionnel·le·s chargé·e·s de la médiation en art contemporain de la région. Ce sont eux et elles qui ont écrit les plus beaux chapitres du réseau depuis 20 ans. En 2022, cet anniversaire devait donc être avant tout pour elles et eux : une année où ils.elles ont eu l'occasion d'être ensemble, de faire ensemble, en concevant de nouvelles médiations collectivement, s'autorisant des actions difficilement réalisables seul·e dans sa structure.
À titre d'exemples, le LMAC a participé au WEACT, le week-end de l'art contemporain, à Toulouse et son agglomération, organisé par le réseau PinkPong. Une dizaine de professionnelles de la médiation et des étudiantes, dont certaines ne font pas partie du réseau, ont contribué à cette action inédite. La Maison Salvan à Labège a accueilli plusieurs médiatrices pour un parcours vélo sur les traces d'une résidence d'artiste. Deux visites liées à la déficience visuelle ont également réuni plusieurs membres, entre Toulouse et Montpellier. Au total, 8 actions croisées entre avril et octobre 2022, avec près de 35 médiatrices mobilisées, à travers la région Occitanie. Certaines collaborations, même simples dans leurs formats, étaient inédites, en permettant des échanges et des partenariats qui pourraient s'inscrire dans la durée. Cet anniversaire se voulait aussi et surtout avec le public, pour qu'il participe à la fête. Le LMAC est un laboratoire de professionnel·le·s : si ses membres sont constamment en lien avec les publics, le réseau en tant que tel l'est moins. Ces 20 ans étaient donc l'occasion de proposer des actions ouvertes et accessibles. Elles ont permis de très belles rencontres et des échanges nombreux, avec près de 500 participants au total, de Toulouse à Montpellier, en passant par les Arques ou Sète. À vélo sur le canal du midi pour la Maison Salvan, en itinérance à Montpellier, avec des casques à Lieu-Commun, sous bandeaux à Toulouse et Montpellier, les propositions furent variées, offrant des moments de joie et de partage. La médiation est une fête, disions-nous.
Enfin, dernier·e·s invité·e·s à cette fête : les artistes. C'est le cœur même des structures adhérentes. Le LMAC souhaitait donc les convier, en leur confiant une tâche précise : restituer l'action pour laquelle ils ou elles ont été invité·e·s avec une production artistique. Garder trace, partager. Sophie Bacquié a pédalé pour produire des dessins à Labège. Nuno Lopes Silva fut immergé quelques heures en résidence aux Arques pour une restitution picturale. Zelda Pressigout a croqué, entre Colomiers et Villeneuve-Tolosane. Alba Sagols et Agnès Gontier furent sous bandeaux pour des restitutions sonores à Montpellier et à Toulouse. Rémi Savignat a enregistré du son pour un podcast à Lieu-Commun. Et puis, Benjamin Paré a performé lors de la fête, sur la péniche. Sept artistes, pour sept restitutions, venant aussi montrer les interactions possibles entre l'artiste et la médiation (qui est sujet à un groupe de travail au LMAC).
20 ans, une fête, des fêtes. Professionnel·le·s, publics, artistes mais aussi partenaires, toutes et tous ont pris part, à un moment donné, à cette belle fête. Cet anniversaire a rythmé l'année 2022 du LMAC, laissant derrière lui d'incroyables souvenirs collectifs.
Par tous les chemins, expérimenter
Les actions pour fêter les « 20 ans du LMAC » furent l'occasion de mettre en place un protocole de traversées de territoires pour une mise en œuvre collective : il y eut des structures accueillantes - des lieux d'art contemporain de la région - et des accueilli·e·s - les personnes en charge de la médiation artistique et culturelle du réseau.
Ces invitations favorisèrent des extractions d'un quotidien de travail soutenu et, parfois solitaire, afin d'expérimenter collectivement, cheminer, partager et se nourrir les un·e·s des autres. L'objectif général devait être joyeux ! Il consistait à s'amuser en imaginant à plusieurs des nouvelles façons de convier un public devant l'art contemporain. Des formes inédites et expérimentales de médiations à éprouver ensemble furent alors inventées. L'envie sous-jacente était de favoriser des formes d'hybridation entre recherche, création et médiation. Alors, à plusieurs têtes pensantes, à plusieurs mains et à plusieurs jambes agissantes, il fût possible d'emprunter d'autres chemins de rencontres autour de et avec la médiation. L'un, par exemple, consista à faire une proposition à un public jusqu'alors peu ou pas convié (la petite enfance au CRAC) ; un autre permit de tester une forme de médiation active et hors du lieu d'exposition afin d'inviter ensuite les participants à faire des liens entre l'expérience vécue sur le trajet et les œuvres (le parcours sensoriel et à vélo de la Maison Salvan). Au détour de l'un de ces chemins, ce fût aussi l'occasion de former - peut-être de futur·e·s médiateur·rice·s - à la médiation d'auteur·e·s : par des captations sonores, des étudiant·e·s du Master métiers de l'art, enseignant et membres du LMAC, accompagné·e·s d'un artiste musicien, se retrouvèrent à penser et à créer un podcast (Lieu-Commun). Le sonore fut également l'outil utilisé par les membres du réseau pour, de part et d'autre de la région, et à partir d'œuvres dans l'espace public, transmettre à des volontaires et des étudiant·e·s, la méthodologie pour que les personnes déficientes visuelles puissent aller le plus aisément possible à la rencontre des œuvres d'art contemporain.
Les propositions furent souvent des "one shot" car difficiles à reproduire sans l'énergie du collectif, mais certains de ces chemins furent traversés plus lentement. Une courte résidence pour les médiateur·rice·s permit la construction d'outils de médiation activables et rejouables lors d'un événement public (Les Arques). L'utilisation de transports en commun comme espace de médiation pour l'une de ces actions (x3) dicta la démarche et les cheminements à effectuer (le parcours bus pour le Weact de Pinkpong) : les festivités étaient lancées et elles invitèrent à tous les pas-de-côtés qui ont suivi !
Que ce soit à pied, à vélo, en bus, en face-à-face, par bifurcation, par téléphone, par visio, par déviation ou en dansant sur une péniche, il fût question d'expérimenter ensemble tout au long de l'année pour, avec ou sans filet, se retrouver.
Et alors la fête !
Nous n'avons pas tous les jours 20 ans ! Le bel âge… de la fraîcheur et des médiations aventureuses mais avec l'expérience permettant la détente acquise pendant toutes ces années. Au LMAC, nous parlons souvent de jeu, et nous répétons souvent - aux anciens comme aux nouveaux - de ne pas se prendre au sérieux, faisant nôtre la célèbre citation de l'artiste-poète Robert Filliou affirmant que “l'art est ce qui rend la vie plus intéressante que l'art”. En ces temps troubles, les métiers de la médiation ont plus que jamais un rôle politique, social, et culturel avant qu'artistique à tenir : nous faisons lien, liant même, entre l'art en train de se faire et un monde qu'on nous promet proche de l'effondrement, entre une filière professionnelle fragilisée, inquiète, et des visiteurs curieux et volontaires.
Apprendre à lire dans une société bombardée d'images, sortir d'une exposition avec plus de questions et moins de certitudes, dans une analogie de l'expérience de la salle de cinéma, nous accompagnons les artistes dans leurs témoignages, et nous prenons par la main les publics dans leurs regards. Une lourde tâche qui impose pourtant aussi de savoir lâcher prise: s'accorder le droit à l'erreur, celui de ne rien retenir d'important, ou de rire tout simplement.
À l'occasion d'un parcours du Week-End de l'Art Contemporain - ce même week-end fébrile d'élections présidentielles - plusieurs participants nous ont confié avoir totalement changé d'air, pris de la hauteur, oublié l'échéance de 20 heures, s'être amusés. Et nous ont chaleureusement remerciées pour ce temps suspendu, collectif et léger. Cette “prise en charge” des publics - consciente de la vocation citoyenne et du caractère responsable de nos missions - nous la supposons aussi déguisées en hôtesses de l'art qui alimentent des fake news concernant l'artiste ORLAN, distribuent de vilaines reproductions d'œuvres sur photocopieuse et invitent le public à chanter du Polnareff (ou Résiste de France Gall) dans un bus bloqué sur le périphérique en cette fin d'après-midi de dimanche de premier tour sans suspense. Prendre l'art et donc la vie avec humour, c'est aussi cela exercer la médiation !
Chacun d'entre nous n'ayant pas pu suivre de près toutes ces médiations anniversaire, nous avons souhaité nous le raconter, et revenir sur ces 20 années de souvenirs pour une soirée en octobre réservée à nos adhérent·es et nos partenaires présents ou passés : anecdotes, déplacements professionnels, longs trajets, tâtonnements au sein des groupes de travail. Le LMAC est avant tout un réseau de personnes et nous souhaitions, plutôt que de passer en revue toute nos actions, nous concentrer sur celleux qui ont fait vivre le réseau, l'humain au centre : Célia et ses yeux bandés dans le train, la sieste improvisée d'un petit groupe au Québec, Dominique et sa passion pour les bars clandestins… des private jokes ? Non, des moments intenses de réflexions collectives, de trouvailles, d'avancées, de remises en question et de partages d'expériences. Ce faux sondage n'aura pas réussi à nous séparer ! La soirée aura également vu l'organisation de la deuxième Cérémonie des Gérards de la Médiation, avec un cru de haut vol. De beaux trophées bien mérités pour nos vaillant·es médiateur·ices. Plus qu'un symbole, quoi de mieux qu'échanger avec les membres historiques et les nouveaux sous les loupiotes d'une péniche amarrée sur le Canal du Midi, trait d'union qui relie notre région ?
Nos médiateur·rice·s ont du talent ! Vivement nos 30 ans !