Médiation et EAC

L'éducation artistique et culturelle, telle qu'elle est défendue aujourd'hui, découle historiquement d'un mouvement vers la démocratisation culturelle. 

Les fédérations d'éducation populaire, puis les Maisons des Jeunes et de la Culture, ont posé les jalons d'une sensibilisation aux arts et à la culture. Cette dynamique décentralisée sur le territoire s'est transformée, pour prendre aujourd'hui la forme d'une politique de 100% EAC portée par les ministères de la Culture et de l'Éducation Nationale.

Qu'est-ce que l'EAC ?

L'EAC, éducation artistique et culturelle, recouvre plusieurs aspects. Il s'agit à la fois des enseignements artistiques et culturels dispensés par les enseignant·e·s et de toutes les actions annexes, dans l'établissement scolaire ou à l'extérieur, avec ou sans intervenant·e·s extérieur·e·s, qui participent à l'enrichissement culturel de l'élève. Dans ce cadre, les médiateur·rice·s en art contemporain sont des interlocuteur·rice·s privilégié·e·s du corps enseignant. Il·elles accueillent les élèves au sein des expositions, mènent des ateliers, organisent des interventions d'artistes au sein de l'établissement scolaire, etc.

Éducation et culture : des objectifs communs

Le Ministère de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports et le Ministère de la Culture mènent une action conjointe afin que chaque enfant bénéficie d'un parcours artistique et culturel de qualité pendant sa scolarité. Le dernier plan interministériel intitulé À l'École des arts et de la culture a défini cinq domaines prioritaires parmi lesquels : l'éducation du regard à travers les œuvres d'art.

Le Parcours d'éducation artistique et culturelle (PEAC)
L'éducation artistique et culturelle est pensée comme un parcours tout au long du développement scolaire et extra-scolaire de tout élève. Qu'il s'agisse d'enseignements, de rencontres ou de sorties, le PEAC met en cohérence la formation des élèves, du primaire au secondaire, sur l'ensemble des temps éducatifs : scolaire, périscolaire et extrascolaire.

100% EAC
L'objectif annoncé du 100% EAC a pour ambition de permettre à 100% des élèves du territoire national d'être, au cours de leur scolarité, en contact avec des dispositifs d'éducation artistique et culturelle. Répondre à cet objectif implique un travail commun avec les acteur·ice·s culturel·le·s et les professionnel·le·s de la médiation.
 

Quels sont les grands piliers de l'EAC ?

Les arts et la culture prennent part à la pluralité et à la richesse des apprentissages des enfants. Contribuant à la dimension sensible de l'éducation, ils participent à
l'épanouissement des élèves, comme à la capacité à penser par soi-même et à s'exprimer dans toute sa singularité. Parce que l'éducation aux arts et à la culture œuvre à l'émancipation de chacun·e, elle est indispensable à la démocratisation culturelle et à l'égalité des chances. Les trois piliers de l'éducation artistique et culturelle, selon les termes de la Charte de l'éducation artistique et culturelle, sont : 

  • La connaissance : l'éducation artistique et culturelle permet aux élèves de s'approprier des repères culturels formels, historiques et esthétiques, de porter un jugement construit et étayé en matière d'art, et de développer leur esprit critique.
  • La pratique artistique : elle permet aux enfants d'accéder aux langages des arts, de prendre confiance en eux, de réaliser concrètement des projets, de développer leur créativité et leur intelligence sensible. Elle est aussi un puissant moyen de mener des projets en commun, de favoriser les relations sociales, d'être à l'écoute des autres et de développer le respect d'autrui.
  • La rencontre avec les œuvres et avec les artistes : elle vise à faire l'expérience d'œuvres authentiques et de lieux de culture pour mieux se les approprier, à apprendre à partager le sensible, à développer sa curiosité.

À la jonction de ces trois domaines d'intervention, la médiation en art contemporain est en adéquation parfaite avec les grands objectifs de l'EAC.

Organiser une action de médiation dans le cadre de l'EAC

Les formes et les contenus des actions de médiation en art contemporain s'inscrivant dans le cadre de l'EAC peuvent être multiples. Elles dépendent du niveau des élèves à qui l'on s'adresse, des moyens à disposition des médiateur·rice·s (œuvres, artistes, budget, temps), de l'envie des enseignant·e·s, etc. Mais quelques grands principes sont à respecter pour concevoir correctement une action de médiation destinée aux publics scolaires.

Identifier les publics à qui l'on s'adresse

Une action de médiation en EAC doit bien-sûr s'adapter à la tranche d'âge ciblée. On ne s'adresse pas de la même manière à des élèves de maternelle qu'à des collégien·ne·s, on ne propose pas les mêmes ateliers de pratique à des primaires qu'à des lycéen·ne·s. Chaque niveau a ses spécificités et ses priorités d'apprentissage. Une action de médiation sera d'autant plus réussie qu'elle prendra en compte les compétences travaillées pendant l'année avec l'enseignant·e. 

Ces compétences sont détaillées pour chaque cycle dans les programmes scolaires disponibles sur le site du Ministère de l'Éducation Nationale. Il existe 5 niveaux de compétences : cycle 1 (petite, moyenne et grande section de maternelle), cycle 2 (CP, CE1 et CE2), cycle 3 (CM1, CM2, 6ème), cycle 4 (5ème, 4ème, 3ème) et le lycée. Attention, le regroupement par niveau n'induit pas forcément un accompagnement similaire des trois tranches d'âge. Si les compétences travaillées sont les mêmes, il existe toutefois de grandes disparités d'attention, d'expression ou de motricité fine au sein de chaque cycle, notamment chez les plus jeunes.

Préparer son action en concertation avec l'enseignant·e

Une action de médiation s'inscrivant dans l'EAC de l'élève, quelle que soit sa forme, se prépare en amont en classe. L'enseignant·e doit être partie prenante dans l'élaboration du projet car c'est à lui·elle qu'incombe la préparation des élèves à recevoir la proposition ainsi que les prolongements de l'action en classe, en lien avec le programme. C'est la condition sine qua non pour que l'action s'intègre véritablement dans l'EAC de manière pertinente. Il conviendra donc de prendre rendez-vous avec l'enseignant·e au plus tôt, idéalement en fin d'année scolaire pour une action sur l'année scolaire suivante. Pour accompagner au mieux les enseignant·e·s et afin qu'ils·elles puissent s'approprier les concepts mobilisés par l'action, le·la médiateur·rice peut proposer des rendez-vous dédiés, et concevoir des documents de médiation écrite à utiliser de manière autonome en classe avec les élèves : dossier pédagogique, fiche de préparation à la visite, iconographie, proposition d'ateliers, etc. Ces documents synthétiques doivent être simples à utiliser et à adapter à l'âge des élèves.

Définir la forme de l'action

Il existe de nombreuses formes différentes, toutefois, elles correspondent à peu près à la typologie suivante :

Les actions au sein de l'institution culturelle
Les élèves sont accueillis par le·la médiateur·rice sur le lieu culturel, au sein des expositions. On distingue deux formes d'action, qui peuvent se combiner : la visite et/ou l'atelier.  La visite est l'occasion de regarder et de s'interroger. La forme de la visite s'adapte à chaque tranche d'âge mais privilégie toujours l'interaction avec les élèves. L'enjeu principal de la visite est d'éveiller, en chaque élève, l'initiative future d'une posture active face aux œuvres d'art. Des outils peuvent être conçus, en appui de ces temps de médiation, pour créer une autre interaction avec les œuvres : fiches pour s'exprimer, détails à trouver, matériaux à toucher, etc. Les ateliers de pratique sont complémentaires à la visite. Ils sont conçus par les médiateur·rices en écho aux expositions et adaptés à chaque âge. C'est une autre manière de s'approprier les démarches artistiques rencontrées dans l'exposition. En associant le geste à la parole, on propose un chemin d'exploration différent, un prolongement d'expérience.

Les actions au sein de l'établissement scolaire
Là encore, les formes sont multiples mais nous pouvons les classer en deux grandes catégories :

  • le·la médiateur·rice intervient directement en classe auprès des élèves pour mener des échanges verbaux ou des ateliers de pratique avec les élèves. Il·elle·s présentent à la classe des œuvres ou des documents de présentation d'œuvres et les invitent à échanger/pratiquer autour de ces supports. Les thématiques abordées en classe peuvent plus largement s'étendre à des axes comme les métiers de l'exposition ou le fonctionnement d'une structure culturelle par exemple.
  • le·la médiateur·rice fait intervenir un·e artiste auprès des élèves pour un temps de rencontre ou d'atelier. Ici l'objectif est de découvrir un univers artistique, d'échanger directement avec l'artiste et d'expérimenter par soi-même l'acte de création. Parfois l'artiste peut être en résidence dans l'établissement scolaire. Dans ce cas, il·elle disposera d'un espace et de temps dédiés à sa création et ouvrira aux élèves les portes de son atelier sur des créneaux préalablement définis avec l'équipe enseignante.

Les actions menées sur le temps périscolaire et extrascolaire
Tous ces axes de travail peuvent être réinvestis pour concevoir des actions en collaboration avec les structures accueillant les élèves hors du cadre enseignant. Le Plan mercredi, initié par le Ministère de la Culture, propose par exemple de diversifier l'offre périscolaire sur le temps du mercredi, en concertation avec les organismes sociaux et associatifs. Les accueils périscolaires et les centres de loisirs peuvent donc également être des partenaires dans le prolongement du PEAC après l'école.
 

BIBLIOGRAPHIE