Profils
Médiateur·rice de l'art contemporain, un métier pluriel

« En parlant de médiation culturelle, parle-t-on de métier ou de fonction ? »1  

Quelles sont les frontières de la fonction de médiateur·rice (avec l'animation, l'action éducative, la communication notamment), et quelle diversité des missions englobe le poste de médiateur·rice culturel·le, qui peut tout aussi bien être responsable de service qu'emploi-jeune ? La question du profil et des missions des médiateur·rice·s intéresse le LMAC depuis ses premières heures (la création du réseau en 2002 sous l'impulsion de la DRAC souhaitait offrir un cadre professionnalisant à cette profession émergente).  Afin de répondre à cette question, le LMAC tente en 2013 de dresser les "Profils et missions des médiateur·rice·s de l'art contemporain en France". L'enquête donne lieu à environ cent trente retours. L'analyse qui suit est en partie basée sur les réponses des médiateur·rice·s à ce questionnaire. 

FORMATIONS

Les médiateur·rice·s sont issu·e·s d'études universitaires en arts plastiques, histoire de l'art, anthropologie, sciences humaines et sociales, droit …  (bac+2 à bac+5).
La médiation culturelle désigne de nombreux professionnels en position de lien entre le spectateur, lecteur, visiteur…. et l'objet culturel. Le terme même de médiateur interroge, notamment les publics. Les contenus des filières universitaires de médiation culturelle entretiennent cette indécision : doivent-elles être spécialisées ou plus généralistes ? Doivent-elles former à la gestion de projet ? S'élargir à la communication, voire au marketing ? Ainsi, dès les études en université, le rôle du médiateur culturel est avant tout perçu comme un chargé de projet, son lien aux publics est assez lointain bien que son action générale lui soit dédiée.

STATUTS

Les médiateur·rice·s sont fonctionnaires, privé·e·s, indépendant·e·s, artiste·s, chercheur·euse·s (certain·e·s peuvent cumuler 4 statuts différents)2. En 2010, les médiateurs embauchés dans un lieu culturel d'une collectivité, ne peut l'être sous ce titre qui n'existe pas : il sera attaché de conservation, agent du patrimoine…, ou encore contractuel. La médiation n'entre pas dans le cadre de la fonction publique.

INTITULÉS DE POSTE

Si les actions de médiation se sont banalisées dans les structures culturelles observées, le terme de médiation ou de médiateur demeure peu utilisé, au profit d'autres expressions (action pédagogique ou culturelle, relation aux publics…). Au titre même de médiateur sont préférés animateur, guide-conférencier…3  L'enquête du LMAC relève ainsi de nombreuses occurrences : responsable ou chargé·e des relations publiques (avec les publics), responsable ou chargé·e d'action culturelle, de médiation, d'éducation artistique et culturelle, soit une personne dont la fonction est de favoriser la rencontre de chacun avec des artistes, des œuvres et des démarches artistiques au sein d'une structure culturelle.

MISSIONS

Une plaquette éditée par le d.c.a4 détaille les missions (idéalement) attribuées au·à la médiateur·rice :

  • tisser des relations de proximité avec les citoyens, initiés ou pas
  • informer sur les démarches artistiques en favorisant le dialogue (relation horizontale)
  • viser le développement d'une pratique culturelle autonome
  • concevoir des dispositifs originaux et des outils favorisant la rencontre entre artistes, publics et œuvres
  • organiser des programmes d'action culturelle en lien avec l'actualité culturelle des territoires
  • approcher des publics éloignés de la culture en engageant des projets de médiation hors-les-murs, dans différents milieux (scolaire, hospitalier, carcéral, quartiers sensibles…)
  • travailler en partenariat avec les partenaires sur ces terrains en organisant des formations d'interconnaissance

Les médiateur·rice·s se partagent ainsi entre activités de bureau et de terrain. Il·elle conjugue culture générale et spécifique, connaissance des politiques culturelles et des institutions avec lesquelles il·elle travaille, connaissances des publics et des théories pédagogiques. Il·elle doit également actualiser en permanence ses savoirs, et les associer à un travail manuel d'atelier ou de conception d'outils. Mais aussi être à l'écoute des publics en s'adaptant à leur diversité. «Être médiateur, c'est à la fois avoir une posture d'accompagnement et une posture d'effacement.» 5

PUBLICS

L'enquête effectuée par le LMAC laisse apparaître que les médiateur·rice·s ont rarement des “visiteurs-cibles”. Les publics qu'ils·elles accompagnent peuvent se décliner de la manière suivante : 

  • individuels et groupes
  • petite enfance et familles
  • scolaires et étudiants
  • personnes en situation de handicap et publics empêchés en général

La médiation culturelle reste une évidence dans les structures culturelles qu'elles soient petites ou grandes, qu'elles concernent les musées, les bibliothèques ou encore le spectacle vivant… Pourtant, les analyses et enquêtes sur la médiation révèlent ses fragilités. Le manque de reconnaissance du métier par les pouvoirs publics se caractérise par la précarisation du métier, l'adjonction d'autres missions à la médiation et l'absence d'une réelle réflexion sur une politique de formation et de gestion de carrière. Ces problématiques variant selon les structures et le type de fonctions exercées, établir un profil type du professionnel de la médiation s'avère un exercice complexe...


1 Bernadette Dufrêne et Michèle Gellereau
2 Enquête BLA! "Les répercussions de la crise du COVID-19 sur les professionnel.les de la médiation", 29 avril - 6 juin 2020
3 Nicolas Aubouin, Frédéric Kletz, Olivier Lenay, Enseignants-chercheurs au Centre de gestion scientifique de l'École des Mines
4 Plaquette de l'association DCA
5 Fanny Delmas. Responsable du pôle Éducation artistique et culturelle Département Formation et pédagogie / Éducation artistique et culturelle, CND Pantin. Intervention dans le cadre du Développement des Arts Vivants en Massif Central les 11 et 12 janvier 2018

BIBLIOGRAPHIE


A EXPLORER (pas en ligne) : BLASCO Aurore, Les compétences du médiateur culturel après une formation dans l'enseignement supérieur, mémoire de professionnalisation, 2011, Université Toulouse Le Mirail, 142 p.