Médiation numérique

L'apparition du numérique a une incidence dans le monde culturel. Par conséquent, les structures et  les  médiateur·rice·s doivent  s'adapter  en s'ouvrant et se dématérialisant via une présence sur  les  réseaux sociaux, site internet, dans les outils.

Le  LMAC s'est donc interrogé sur cette nouvelle manière de faire de la médiation : la médiation numérique. Ainsi, à un moment où les technologies prenaient une place de plus en plus importante dans la vie quotidienne de la majeure partie de la population, les membres du LMAC pouvaient faire le constat que, pour des raisons diverses et variées, leurs pratiques de médiation n'avaient pour ainsi dire pas intégré ces évolutions technologiques. Cela les a conduit·e·s à engager, sur plusieurs années, un travail de prospective et d'expérimentation qui se donnait pour but :

  • de cerner les enjeux et les conséquences de l'intégration du numérique dans les pratiques de médiation ;
  • d'expérimenter des dispositifs afin de se familiariser avec de tels environnements et de se les approprier autant que possible. 

Le réseau LMAC s'est emparé de la question du numérique à partir de 2012. Cet intérêt n'obéissait pas à une nécessité absolue et urgente pour des professionnel·le·s qui avaient pour la plupart d'entre eux·elles débuté leur carrière dans un environnement "non numérisé", mais plusieurs facteurs plaidaient en ce sens  : 

  • adapter l'offre de médiation aux évolutions technologiques avec notamment le désir d'attirer un public adolescent peu présent dans les lieux d'art contemporain ; 
  • répondre à une demande institutionnelle d'ouvrir nos pratiques au numérique ;
  • trouver des alternatives à l'absence de médiation dans certaines situations de monstration des œuvres.

La phase d'approche

Une première phase d'approche s'est traduite par l'organisation de deux ou trois sessions plénières où des professionnel·le·s de la médiation et des chercheur·euse·s qui se sont penché·e·s sur ces questions ont fait part de leurs réflexions et expériences. Il ressortait de cette première rencontre que le champ d'investigation était très vaste et que, pour s'emparer de cette question, il devenait nécessaire de délimiter notre domaine d'intervention. 

La définition du domaine d'expérimentation

La médiation sans médiateur·rice via la médiation écrite et la médiation de l'œuvre dans l'espace public étant deux des thèmes traités au sein du réseau depuis quelques temps, c'est assez naturellement que le LMAC a orienté ses recherches vers l'utilisation de l'outil numérique pour la médiation d'œuvres dans l'espace public. À la même période, des acteur·rice·s du développement territorial mettaient en place dans le nord de la région Occitanie un parcours valorisant des œuvres issues de la commande publique et il était proposé au réseau de se joindre à ce travail de valorisation fort de son expertise en médiation. 

Associer les professionnels du numérique à notre démarche 

S'en est suivie une période où il a fallu définir nos attentes et objectifs afin de convaincre quelques acteur·rice·s du numérique de nous accompagner dans cette démarche. Le LMAC faisait le constat que l'outil numérique était le plus souvent appréhendé dans une logique d'enrichissement des contenus, de présence de l'institution en dehors du temps de la visite et d'interaction entre le visiteur et l'institution. Pour un travail de médiation d'œuvre dans l'espace public tel que le conçoit les membre du réseau, l'outil numérique n'avait d'intérêt que si, en plus des fonctions citées précédemment, il œuvrait à l'accompagnement du regard, s'il facilitait circulation du ressenti, du vécu dans la confrontation à l'œuvre. Le réseau Museomix et quelques acteur·rice·s du numérique en région toulousaine ont répondu à cette demande et accompagné le réseau dans sa démarche de réflexion et d'expérimentation. 

Echanges, expérimentation et évaluation d'outils destinés à la médiation d'œuvres dans l'espace public

Ce projet a pris de l'ampleur quand, suite à des échanges avec des médiateur·rice·s d'un réseau au Québec dans la perspective d'un voyage d'étude, il est apparu que cette réflexion sur le numérique était commune aux deux réseaux. En 2017, deux temps d'échanges et de rencontres eurent lieu au Québec, et en Midi-Pyrénées. Au Québec, les membres du LMAC ont apporté leur expertise à la conception d'un outil de médiation numérique pour un parcours d'art dans l'espace public dans la ville de Saint-Jérôme. De leur côté, les Québécois, forts de leur expertise en évaluation, sont venus à Conques (vitraux de Pierre Soulages) et Figeac (Ex-Libris  de Joseph Kosuth) accompagner les membres du LMAC pour évaluer les outils numériques de médiation de ces deux œuvres conçues avec l'aide des professionnel·le·s du numérique associé·e·s au projet. L'utilisation du numérique a longuement été expérimentée au LMAC. Dès la première période de prospective, ont émergé de nombreux outils numériques en collaboration avec des intervenant·e·s extérieur·e·s et internationaux·ales. Ces expérimentations ont permis une réflexion sur ces nouvelles pratiques dans la médiation de l'art contemporain. Cependant, ces outils peuvent atteindre vite leur limite : technologie déjà désuète, manque de moyens, le public n'est pas équipé, ne permet pas de co-construire un dialogue… Ces limites sont d'ailleurs des nouvelles pistes de réflexion, à poursuivre…

BIBLIOGRAPHIE
Biographie largement basée sur Médiation et communication numérique : les nouveaux leviers en direction des publics - Orientation bibliographique de Nathalie Halgand (ss. dir.), 2019 (consulté en octobre 2021)